Le spectacle de la corrida, depuis le XVIIIe siècle, a entrainé la rédaction de comptes-rendus et de chroniques, d’abord dans la presse générale, ensuite à partir du XIXe siécle, dans des revues spécialisées. En France, la première revue taurine connue est imprimée en 1883, à Nîmes. A ce jour, on comptabilise d’ailleurs, et depuis cette date, plus de 150 revues spécialisées, dont un grand nombre eut une vie éphémère. Mais le chiffre est là. La plupart ont vu naturellement le jour dans les villes taurines du sud de l’hexagone, mais certaines furent éditées à Paris , à Lille, à Oran, à Alger, à Vichy. ..où la corrida a plus ou moins temporairement pris pied.
Tout naturellement, dès le début du XXe siécle, les chroniqueurs taurins, ou revisteros,éprouvèrent la nécessité de se regrouper – ainsi que le faisaient les journalistes couvrant d’autres secteurs: journalistes politiques, journalists sportifs… – et à l’identique des autres pays de corrida (Espagne, Portugal,Amérique Latine…) où des associations de journalistes taurins existaient et existent toujours. Ainsi, le 29 septem bre 1912, fût fondée à Nîmes « L’association de la Presse Taurine Française », avec pour but déclaré de « défendre la corrida et, en général, tous les jeux taurins régionaux, et donner aux revisteros qui en font partie l’appui moral et même matériel que peut nécessiter l’accomplissement de leur tâche ». Pour être admis dans l’association, il fallait « être rédacteur d’un journal taurin existant depuis deux ans au moins et paraissant au moins mensuellement, ou bien s’occuper d’une chronique taurine dans tout journal local, régional ou parisien »… Des motifs d’exclusion étaient prévus, dans les statuts, à l’encontre des membres qui « provoqueraient le scandale soit au siège de l’association, soit dans toute réunion, bal, fête ou spectacle organisé par l’association « ; également, « contre tout membre qui céderait sa carte de titulaire à un tiers et contre tout membre qui par son attitude porterait préjudice aux intérêts moraux, matériels ou corporatifs de l’association ». Les membres fondateurs de cette première Association de la Presse Taurine ne furent pas moins de cinquante.
Notre actuelle Association des Critiques Taurins de France, elle, a vu le jour le dimanche de Pâques, 22 avril 1962. A cette date et sous l’impulsion de quelques journalistes de renom, cette association a tenu sa première assembléee constitutive à la Mairie d’Arles. Le premier bureau fût ainsi formé: Fernand Lapeyrère « Don Fernando », Président; Auguste Lafront « Paco Tolosa » et André Poublan « Monosabio », vice-Présidents; Adrien Chastelas « Calendau », Secrétaire;Georges Beaume, Trésorier. A l’image des revisteros espagnols, on aimait bien les apodos (surnoms) en ces temps-là…Les membres de cette nouvelle association publièrent le communiqué suivant: « L’ACTF, réunie en Assemblée Générale s’est donnée comme mission de grouper les critiques taurins de France en activité dans le meilleur esprit de solidarité, pour leur permettre de coordonner leur action en vue d’une défense ferme et raisonnée de la corrida dans ses principes et dans sa réglementation ».
Les buts de la nouvelle entité étaient donc, comme on le voit, à la fois très ambitieux et suffisamment « larges » pour ne pas rigidifier le fonctionnement d’une association régie par la loi du 1er juillet 1901. Les statuts de l’association précisent que les personnes postulant à l’ACTF, critiques et informateurs taurins de tous horizons (presse quotidienne et spécialisée, radio, télévision, et maintenant bien sûr internet…) doivent avoir le parrainage de deux membres et être agréés par le bureau sous réserve de ratification par l’Assemblée Générale.Chaque membre règle une cotisation annuelle.
Les successeurs de Fernand Lapeyrère, dit « Don Fernando », à la présidence de l’ACTF furent André Poublan, dit « Monosabio », Georges Lestié, Roger Dumont, Miguel Darrieumerlou et depuis 2008, Bernard Feurer (qui est toujours en activité).